Le témoinage de Pamela
Arvin, le frère de Pamela, collabore avec des prestataires de soins de santé afin d’améliorer la sécurité des médicaments et des patients.
Pamela était le cœur de notre famille : généreuse, joyeuse et infiniment dévouée envers les autres. En tant qu’enfants d’immigrants, Pamela et moi avons grandi en sachant que les sacrifices de nos parents avaient pour but de nous offrir toutes les chances de mener une vie épanouissante en toute sécurité au Canada. Pamela a apporté cette même attention au monde entier, à travers chaque amitié, chaque moment de service communautaire et chaque cause à but non lucratif qu’elle a défendue.
En mai 2013, Pamela a commencé à souffrir régulièrement de maux de dents. On lui a prescrit des antibiotiques et, lorsque son état de santé a commencé à se détériorer, elle a contacté son médecin traitant pour obtenir des conseils. Malgré l’aggravation de ses symptômes, on lui a dit de continuer à prendre ses médicaments. Elle a même demandé si elle pouvait arrêter, mais on lui a répondu que non. Elle a demandé s’il existait d’autres médicaments, mais on lui a aussi répondu que non. Peu après, Pamela a été transportée à l’hôpital, où non seulement son état n’a pas été reconnu ni correctement examiné, mais où le personnel a eu du mal à suivre les bons plans de traitement et ne savait pas quand demander de l’aide aux autres. Dans ces moments critiques, la confusion et les occasions manquées ont contribué à ce que Pamela passe de l’état d’éveil à la mort en quelques heures, laissant notre famille dévastée et en quête d’explications. Elle avait 33 ans.
Il nous a fallu des années pour y voir plus clair. L’expérience de Pamela a révélé certaines lacunes critiques qui doivent être comblées pour améliorer la sécurité des soins prodigués aux patients et la sécurité des médicaments. D’un diagnostic erroné qui a conduit à une antibiothérapie inutile, à des signes précurseurs d’une réaction indésirable à un médicament qui n’ont pas été détectés, en passant par l’absence de réévaluation et les occasions manquées d’un dialogue ouvert, son histoire met en évidence les domaines dans lesquels la pratique médicale peut—et doit—s’améliorer.
Ce que cela m’a appris, et ce que je m’efforce de promouvoir dans notre système de santé, c’est que la sécurité exige plus que des connaissances cliniques. Ça nous rappelle que la sécurité des patients repose non seulement sur une gestion adéquate des médicaments, mais aussi sur un examen approfondi, une communication claire et un travail d’équipe. Les familles comptent sur les professionnels de la santé non seulement pour leurs connaissances médicales, mais aussi pour leur volonté de collaborer, de demander conseil et de réagir face à l’incertitude.
L’histoire de Pamela reste le fondement et le moteur de mon engagement en faveur de la sécurité des médicaments. Chaque jour, je constate l’impact profond d’une communication ouverte, de l’analyse rigoureuse des incidents et des pratiques de sécurité centrées sur le patient pour prévenir les préjudices et sauver des vies. En tant que membre du conseil d’administration de l’ISMP Canada, je suis honoré de contribuer à l’amélioration de la sécurité des médicaments dans tous les établissements de santé au Canada. Au-delà de l’ISMP Canada, je partage activement l’histoire de notre famille et je participe à des discussions, à des actions de sensibilisation et à des initiatives éducatives visant à promouvoir la responsabilisation, la transparence et l’amélioration continue des soins de santé. C’est ce travail—fondé sur la compassion et la collaboration—qui me motive à faire en sorte que son héritage inspire des changements positifs et des soins plus sécuritaires pour chaque patient et chaque famille.